jeudi 17 août 2017

Branche I (Idée de la photographie)

Pendant un court moment seulement, au dix-neuvième siècle, avant l'invention du "positif" par Talbot, au temps du daguerréotype, le monde a pu apparaître tel qu'il se serait vu lui-même s'il avait pu se voir ; mais, par une ironie étrange, le daguerréotype était désarmé devant les objets en mouvement, et le seul portrait naturel d'un homme dans ce monde curieux d'au-delà du miroir que je connaisse est ce daguerréotype du boulevard parisien, dans une lumière d'après-midi, vide de chiens, de chevaux, de voitures, de promeneurs, où seule s'est fixée une silhouette parce que assez longtemps immobile, puisque c'est celle de quelqu'un en train de se faire cirer les souliers (on ne voit presque rien du cireur, parce qu'il bougeait, lui) : Paris, après une bombe à neutrons.

                                            (Branche un - Destruction - récit - chapitre 4 - § 44)

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